3 éléments magiques pour vous aider à créer votre entreprise
Je m’appelle Victoria, j’ai 30 ans et je suis la créatrice de Madame porte la culotte, une marque de lingerie que j’ai créée et développée alors que je n’avais pas la moindre notion de stylisme. À travers cet article, je vais vous partager 3 éléments magiques qui m’ont aidés à créer mon entreprise et qui vous aideront certainement.
Madame porte la culotte, c’est une marque de sous-vêtements féminins en coton bio, fabriqués de manière éthique et responsable au Portugal, dont l’objectif est d’aider les femmes à se sentir bien dans leur peau autant que dans leurs sous-vêtements, et à s’aimer et s’accepter telles qu’elles sont.
Cette marque c’est mon bébé, un travail de plus de 2 ans qui a vu le jour en 2018. Le chemin a été long pour transformer ce projet en réalité, d’ailleurs la réalité m’a mis quelques claques en cours de parcours. Je pense que la plus grosse claque que je me sois prise c’est quand je me suis rendue compte que de fabriquer des culottes ça n’était pas, mais alors vraiment pas aussi simple que ça en avait l’air. Il fut en temps ou je disais autour de moi: « c’est quand même pas compliqué, tu prends du tissu, tu coupes deux formes en V, tu couds le tout et en avant la musique ». Le problème c’est que la culotte, il faut la dessiner. Le bon tissu, il faut le trouver. Le fabricant, il faut le débusquer. Et quand en plus on veut être aligné avec ses valeurs et faire de ce projet une marque éthique afin de participer au développement d’un monde plus sain et plus juste, autant se tirer une balle dans le pied. Sans parler de tous les éléments à mettre en place pour créer sa société, créer sa marque, la développer, etc etc.
La réalité m’a mis quelques claques en cours de parcours
Bien évidemment, je me suis lancée là dedans sans aucune formation en dessin, en mode ni en textile.
La couture c’est pas mon truc, j’ai bien une machine à coudre mais j’ai perdu le câble d’alimentation au cours d’un déménagement. J’ai quand même un bagage en poche, j’ai été formée en communication et en publicité. La stratosphère publicitaire… cette zone nébuleuse qui flotte sur le commun des mortels pour les abreuver d’injonctions commerciales. Ce monde où (Jacques à dit) « si a 50 ans on n’a pas une Rolex, on a raté sa vie »… J’ai quand même appris plein de trucs pendant ces années en agence de pub, et je ne regrette rien. Une bonne communication est selon moi un élément indispensable pour le développement d’une boîte. Mais quand on travaille dans la publicité, vient un moment où on brasse tellement d’air à force d’essayer de comprendre le fond pour sortir de la forme, qu’on finit par en manquer… Il me fallait partir, tout quitter, pour trouver du sens. Ce que j’ai fait sur un coup de tête.
Quand on travaille dans la publicité, vient un moment où on brasse tellement d’air qu’on finit par en manquer
Nous sommes en 2015, je suis assise à mon bureau à l’agence média dans laquelle je bosse depuis bientôt 3 ans. Il pleut, je valide une énième campagne publicitaire pour un client, campagne sans fond et qui me paraît ce jour là totalement dénuée de sens.

Comme une automate, je laisse mon esprit vaquer et surfer sur internet et je clic sur le lien du site working holiday visa aux photos prometteuses et paradisiaques. En quelques minutes, je postule pour un visa d’une année dans un pays lointain et ensoleillé. Deux mois plus tard, une démission, un appart rendu et une voiture vendue et me voilà à l’autre bout du monde: en Australie! À moi le surf, les vagues, les déserts de sable rouge, les eucalyptus et les koalas, les levers et couchers de soleil sur l’horizon, les road trip et l’aventure. Pendant une année complète, je fais le tour de ce fabuleux pays à bord d’un van bringuebalant mais bien vaillant. Les journées se suivent mais ne se ressemblent pas, chaque matin m’apporte un nouvel horizon, l’Australie est mon jardin et je veux en explorer tous les recoins. Je n’aurai finalement pas mis les pieds sur une planche de surf, les histoires de requins, de méduses venimeuses et de courants mortels m’en ont dissuadé. Mais je rentre en France heureuse et épanouie, forte de cette expérience au doux parfum de liberté.
Deux mois plus tard, une démission, un appart rendu et une voiture vendue et me voilà à l’autre bout du monde
J’aimerais vous raconter que l’idée des culottes m’est venue au cours de ce voyage parce que je me suis retrouvée à cours de culottes, mais ça serait transformer la réalité. C’est vrai que je cherchais déjà des culottes en coton à l’époque, chaleur et transpiration « road-tripiennes » obligent, et que j’en cherchais encore à mon retour, à défaut des sous-vêtements trop synthétiques ma foi peu sympathiques qui remplissent les étalages des magasins de lingerie.
En réalité, il s’est passé encore deux ans avant que je ne crée ma société. Deux ans de questionnements, de doutes, de remises en questions, de coups durs, de joies aussi, de solitude, d’excitation, de peur, d’espoirs. Ne croyez pas ces personnes qui affirment avoir trouvé l’idée du siècle en une seule nuit et créé leur boîte dans la foulée. Les idées n’éclosent pas sans bourgeonner, elles cheminent un temps avant de se révéler à nous et encore faut-il être assez présent et à l’écoute pour les capter. Si je vous disais plus haut que rien n’arrive par hasard, rien n’arrive non plus sans travail et sans une réflexion bien approfondie. Lancer une boîte c’est du boulot, des doutes, des montagnes russes émotionnelles, des nuits sans sommeil et des jours sans énergie, j’en ai fait les frais. Mais quelle aventure formidable!
Les idées n’éclosent pas sans bourgeonner, elles cheminent un temps avant de se révéler à nous
J’ai appris tellement de choses pendant ces 2 années. J’aimerais vous partager l’une de mes découvertes, quelque chose qui pourrait peut-être aider certain(e)s d’entre vous à se lancer et à créer votre entreprise.
Voici ce que j’ai découvert, on ne peut pas créer une entreprise sans ces 3 éléments qui sont, à mes yeux, indispensables à la création d’une entreprise:
Le besoin
C’était avant tout un besoin personnel, celui de porter des culottes en coton confortables qui soient plus originales que les blanches/noires/beiges, qui soient de bonne qualité, fabriquées de manière éthique, qui ne scient pas les fesses en quatre et ne se désagrègent pas au bout du 3ème lavage. Il y avait bien quelques culottes colorées en coton pour ado relativement confortables, mais les messages et dessins inscrits sur celles-ci étaient trop enfantins à mon goût, voire carrément de mauvais goût (bonjour le sous-entendu du chat imprimé sur la culotte). Quand j’ai demandé à mes amies où elles se fournissaient en culottes en coton sympas et jolies, elles m’ont répondu qu’elles n’arrivaient pas à en trouver et qu’elles portaient soient des culottes confortables pas très sexy, soient de jolis dessous pas vraiment conforts. Un sondage réalisé auprès de plus de 300 femmes me confirmera qu’il semble bel et bien y avoir un besoin plus large et que peu nombreuses sont les entreprises qui y répondent.
Les valeurs

Tout d’abord les valeurs personnelles: elles sont ancrées profondément en nous, elles nous guident et sont les fondements des décisions que nous prenons, quel que soit le domaine de notre vie. Je dirais que connaître ses valeurs personnelles est un bon début vers la connaissance de soi, et que de déterminer ses valeurs et de les prioriser est important avant de se lancer dans l’entrepreneuriat. En général, nos valeurs ne bougent pas trop au cours de notre vie, on finit toujours par revenir vers celles qui nous animent. La valeur professionnelles sont celles qui animeront notre entreprise, elles peuvent très bien se rapprocher des valeurs personnelles.
C’est en voulant créer ma société que j’ai découvert quelles étaient mes valeurs
Parmi celles-ci, quatre d’entre elles ressortent fortement: la justice, la liberté, l’égalité, et la fraternité (et vive la France!). Et plutôt que de parler de fraternité, je parlerai de sororité que je vois comme le pendant féminin de la fraternité, une sorte de soutien et d’entraide entre femmes, avec dans l’idéal un soutien entre individus, peu importe leur genre. Ces valeurs fortes m’ont amenée à aider les femmes à travers ma marque et à donner du sens à mon projet.
Le sens
Alors le sens, c’est LE truc que l’on doit trouver et auquel on doit s’aligner et se réaligner au quotidien. Le sens, on le découvre en répondant à la question « Pourquoi » que l’on doit toujours se poser avant chaque projet. Pourquoi est-ce que je fais ce projet? Pourquoi une marque de lingerie? Pourquoi est-ce que je veux être entrepreneure? Simon Sinek l’explique très bien dans son TED Talk passionnant que je vous invite vivement à regarder. Selon lui, les gens n’adhèrent pas à ce que vous faites mais ils adhèrent à ce en quoi vous croyez, et ce que vous faite sera le reflet de ce en quoi vous croyez (« People don’t buy what you do, they buy why you do it, and what you do simply proves why you do it »). Voici pourquoi j’ai créé cette marque et le sens profond qui se cacher derrière ces culottes:
J’ai créé cette marque parce que je crois que je peux rendre ce monde meilleur en accompagnant les femmes dans leur empowerment
Madame porte la culotte, en plus d’être une marque de culottes en coton bio, confortables, féminines et éthiques, c’est aussi une marque porteuse de messages « ego-booster » positif, visibles au quotidien uniquement par la personne qui les porte, inscrits au fond de chaque culotte. Ces messages, lus et répétés assez régulièrement, pourraient aider les femmes à avoir une plus grande confiance en elles et la force de s’affirmer.
L’autosuggestion a un pouvoir remarquable! Je tenais aussi à créer une marque de lingerie qui sorte de la binarité « sexy/non sexy » trop souvent associée à la féminité (fille/mère, salope/vierge, douce/hystérique, …) et profiter de la liberté inouïe qu’ont les femmes de définir elles-même leur féminité, en sortant des injonctions genrées, et en se battant au quotidien contre l’assujettissement aux représentations que nous renvoient un siècle d’images. Et pour vraiment aller au bout de mon projet, pour chaque culotte achetée, 1% est reversé à un centre venant en aide aux femmes victimes de violence.
Virginie Despentes écrivait dans Le Monde en juillet 2017: « Franchement, quand je vois ce qu’on exige des femmes, le carcan de règles et de tenues qu’on leur impose, leur slalom périlleux sur le désir des mecs et la date de péremption qu’elles se prennent dans la gueule à 40 ans, je me dis que cette histoire de féminité, c’est de l’arnaque et de la putasserie. Ni plus ni moins qu’un art de la servilité. »
Contrairement à Virginie Despentes, je pense que la féminité mérite toute sa place dans notre société… Du moment qu’elle est définie par les femmes et pour le bien des femmes. À nous de définir notre féminité pour qu’elle soit synonyme de bien être et de liberté.
Victoria, créatrice de Madame porte la culotte